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Rimbaud et Verlaine : Un amour qui consume et détruit

« Mortel, ange et démon, autant dire Rimbaud. Tu mérites la prime place en ce mien livre » -Verlaine

ARTHUR RIMBAUD

Jean Nicolas Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville-Mézières dans les Ardennes. Considéré comme le poète par excellence, il est le deuxième enfant d'une fratrie de cinq. Son père, capitaine d’infanterie, est souvent absent jusqu’au jour où il abandonne sa femme et ses enfants. Sa mère l’élèvera seule, suivant des principes stricts. Rimbaud est un élève brillant : il saute la classe de cinquième et entre directement en quatrième. Grâce à son imagination et sa graine d’écrivain, il remporte plusieurs prix comme le premier prix du Concours académique en 1869. Rimbaud est un jeune homme révolté contre l’ordre des choses et voit la poésie comme un moyen de faire évoluer celles-ci.

En 1870, son premier poème Les Etrennes des orphelins est publié. Un nouveau professeur, Georges Izambard, arrive dans le lycée d’Arthur et devient son professeur. Cet homme amateur de poésie, l’initiera à cet art. En mai, Rimbaud envoie quelques uns de ses poèmes à Théodore de Banville pour être publié dans le Parnasse contemporain, un célèbre recueil de poèmes de l’époque, mais cette tentative n’aboutira pas.

En août, la France entre en guerre contre la Prusse. Arthur, alors âgé de 16 ans, fait sa première fugue à Paris. C’est son professeur Georges Izambard qui le fera sortir de prison. Libéré début septembre, il fait une deuxième fugue vers la Belgique début octobre.

Il écrit Illuminations, mais à dix-neuf ans, il choisit d’abandonner la poésie. Cet abandon est considéré par certain comme un aveu de cet échec et pour d’autres, ce n’est que le fait de vouloir gagner sa vie convenablement qui l’a poussé à enchaîner les destinations : Hollande, Suisse, Allemagne, Italie, Chypre… et à devenir, en 1880, gérant d'un comptoir commercial en Abyssinie. En 1886-1987, il se lance dans le trafic d’armes dans l’espoir de devenir riche mais ce « caprice » se révèlera un désastre. En 1891, il souffre de douleurs au genou et se fait rapatrier en France où à Marseille, les médecins découvrent une tumeur au genou. Rimbaud se fait immédiatement amputer de la jambe droite, mais la maladie progresse et Rimbaud meurt le 10 novembre 1891 à Marseille, il est alors âgé de trente-sept ans.


PAUL VERLAINE

Paul Verlaine est né à Metz (France) le 30 avril 1844 par l’amour du couple formé de Nicolas-Auguste, militaire de carrière et d’Elisa Verlaine. Il est le fils unique d’une famille aimante et grandit d’abord dans sa ville natale puis à Paris. Verlaine commence à écrire des poésies dès l’adolescence. Il obtient son baccalauréat à l’âge de 18 ans après avoir été envoyé en pensionnat par ses parents. Il tente d’abord des études de droits qu’il abandonne quelque temps après, pour travailler dans une compagnie d’assurance puis à la mairie de Paris. À l'âge de 22 ans paraît son premier recueil de poésies, intitulé Poèmes saturniens. Le style très fluide de cette oeuvre impressionne et l'influence de Baudelaire se remarque immédiatemment de part son langage imagé et la présence marquée de symboles. Durant les deux décennies suivantes, Paul Verlaine publie ses œuvres les plus connues, dont La Bonne Chanson, Romances sans paroles ou encore Jadis et naguère. En 1870, il épouse Mathilde Mauté de laquelle né leur fils, Georges. Malheureusement, Mathilde demande le divorce quatre ans plus tard car son mari la bat.

Après cet malheureux évènement, Verlaine est détruit par l'alcool et ses crises de violence, et vit des amours « misérables ». Vers la fin de sa vie, il est encore soutenu par quelques secours publics ou privés et donne encore quelques conférences.


Le poète décède d'une embolie pulmonaire le 8 janvier 1896 à l'âge de 51 ans.



LA RELATION ENTRE LES DEUX POETES

En septembre 1871, un ami de Verlaine lui parle d’un jeune poète, qui n’est personne d’autre qu’Arthur Rimbaud. Le poète est très intéressé et lui demande de lui envoyer des poèmes de sa création. Après les avoir lu, Verlaine est touché par les vers du jeune homme et propose à Rimbaud de venir chez lui à Paris : « Venez chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ».

Le jeune poète s’y rend aussitôt, et très vite les deux poètes affichent une amitié ambigüe.

A partir de ce moment-là, l’enfer commence pour Mathilde, la femme de Verlaine qui boit de plus en plus, la frappe et la menace. Sa relation avec Rimbaud devient vite destructrice.

Peu après la naissance de Georges, Mathilde quitte le domicile après avoir protégé son enfant d’une nouvelle crise de violence de la part de son mari, qui habite maintenant officiellement avec son amant alors qu’il avait pourtant promis à sa femme de mettre un terme à sa relation avec le jeune poète. Mais Verlaine ne s’arrête pas pour autant et fuie la capitale avec Rimbaud pour commencer un long périple entre la Belgique et l’Angleterre pendant que Mathilde entame la procédure de divorce. Le voyage entre les deux amants qui devait être idyllique tourne bien vite au cauchemar et de nombreuses disputes éclatent au sujet de l’argent, de Mathilde que Verlaine veut rejoindre et l’histoire du jeune couple est bientôt entrecoupée de séparations. Mais cette expérience entre beauté, bonheur mais aussi douleur prend fin en août 1973 lorsque Verlaine tire deux coups de révolver sur son amant. Celui-ci est blessé superficiellement mais cet énième acte de violence met fin à la relation des deux poètes. Verlaine est alors condamné à deux ans de prison et après examen, le penchant « pédérastique » du poète est confirmé par le rapport médico-légal. Il est enfermé à la prison de Mons où pendant sa peine, il commence à écrire des poèmes qui se trouve dans Sagesse, Jadis et Naguère et Parallèlement. En 1874, Mathilde obtient enfin la séparation qu’elle avait demandé et Verlaine publie Les Romances sans paroles. Peu après cela, Rimbaud achève et publie Une saison en enfer. Le poète est finalement libéré en janvier 1875 et revoit Rimbaud, mais en décembre Verlaine écrit pour la dernière fois au jeune poète, et refuse de le voir tant qu'il n'aura pas renoncé à sa vie déréglée.

Le 3 juillet 1873, Verlaine envoie une lettre à Rimbaud. Celui-ci ne l’a pas tout de suite reçu et écrit deux lettres à Verlaine dans lesquelles il le supplie de lui répondre ou de donner un signe de vie mais surtout de fixer un rendez-vous pour se revoir.

Le 4 juillet 1873:

« Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens. Je te jure que je serai bon. Si j’étais maussade avec toi, c’est une plaisanterie où je me suis entêté, je m’en repens plus qu’on ne peut dire. Reviens, ce sera bien oublié. Quel malheur que tu aies cru à cette plaisanterie. Voilà deux jours que je ne cesse de pleurer. Reviens. Sois courageux, cher ami. Rien n’est perdu. Tu n’as qu’à refaire le voyage. Nous revivrons ici bien courageusement, patiemment. Ah ! Je t’en supplie. C’est ton bien d’ailleurs. Reviens, tu retrouveras toutes tes affaires. J’espère que tu sais bien à présent qu’il n’y avait rien de vrai dans notre discussion. L’affreux moment ! Mais toi, quand je te faisais signe de quitter le bateau, pourquoi ne venais-tu pas ? Nous avons vécu deux ans ensemble pour arriver à cette heure là ! Que vas-tu faire ? Si tu ne veux pas revenir ici, veux-tu que j’aille te trouver où tu es ? Oui c’est moi qui ai eu tort. Oh ! Tu ne m’oublies pas, dis ? Non, tu ne peux pas m’oublier. Moi, je t’ai toujours là. Dis, réponds à ton ami, est-ce que nous ne devons plus vivre ensemble ?? Sois courageux. Réponds-moi vite. Je ne puis rester ici plus longtemps. N’écoute que ton bon cœur. Vite, dis si je dois te rejoindre. À toi toute la vie.

Rimbaud. »

Le 4 juillet 1873

« Vite, réponds : je ne puis rester ici plus tard que lundi soir. Je n’ai pas encore un penny ; je ne puis mettre ça à la poste. J’ai confié à Vermersch tes livres et tes manuscrits. Si je ne dois pas te revoir, je m’engagerai dans la marine ou l’armée. Ô reviens, à toutes les heures je repleure. Dis-moi de te retrouver, j’irai, dis-le-moi, télégraphie-moi — Il faut que je parte lundi soir, où vas-tu ? Que veux-tu faire ?

Rimbaud. »

Rimbaud reçoit enfin la lettre de Verlaine et lui envoie donc immédiatement une autre lettre :

Le 5 juillet 1873

« Cher ami, j’ai ta lettre datée « En mer ». Tu as tort, cette fois, et très tort. D’abord, rien de positif dans ta lettre : ta femme ne viendra pas, ou viendra dans trois mois, trois ans, que sais-je ? Quant à claquer, je te connais. Tu vas donc, en attendant ta femme et ta mort, te démener, errer, ennuyer des gens. Quoi ? Toi, tu n’as pas encore reconnu que les colères étaient aussi fausses d’un côté que de l’autre ! Mais c’est toi qui aurais les derniers torts, puisque, même après que je t’ai rappelé, tu as persisté dans tes faux sentiments. Crois-tu que ta vie sera plus agréable avec d’autres que moi ? Réfléchis-y ! — Ah ! Certes non ! Avec moi seul tu peux être libre, et, puisque je te jure d’être très gentil à l’avenir, que je déplore toute ma part de torts, que j’ai enfin l’esprit net, que je t’aime bien, si tu ne veux pas revenir, ou que je te rejoigne, tu fais un crime, et tu t’en repentiras de LONGUES ANNÉES, par la perte de toute liberté, et des ennuis plus atroces peut-être que tous ceux que tu as éprouvés. Après ça, resonge à ce que tu étais avant de me connaître. Quant à moi, je ne rentre pas chez ma mère. Je vais à Paris. Je tâcherai d’être parti Lundi Soir. Tu m’auras forcé à vendre tous tes habits, je ne puis faire autrement. Ils ne sont pas encore vendus, ce n’est que lundi matin qu’on me les emporterait. Si tu veux m’adresser des lettres à Paris, envoie à L. Forain, 289 rue St-Jacques, pour A. Rimbaud. Il saura mon adresse. Certes, si ta femme revient, je ne te compromettrai pas en t’écrivant, — je n’écrirai jamais. Le seul vrai mot, c’est : reviens, je veux être avec toi, je t’aime. Si tu écoutes cela, tu montreras du courage et un esprit sincère. Autrement, je te plains. Mais je t’aime, je t’embrasse et nous nous reverrons.

Rimbaud. »

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